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Ecritures / Journée internationale des droits des femmes

"Portraits de femmes" 
Journée internationale des droits des femmes
Célébrée le 8 mars 
 

Merci aux participants de l'atelier d'écriture, ainsi qu'aux personnes ayant autorisées la publication de leur texte.
Pour rappel  - et par respect pour les auteurs.trices des textes - 
merci de respecter les droits accordés 
par le copyright ©.
Lydie 
 
 
 
 
 
 
Textes écrits en atelier d'écriture le 5.03.21.
PORTRAIT DE FEMME 1

-             Dis, tu veux bien ?

-              Non, je ne me sens pas prête

-          Allez, ne soit pas farouche

-              Non, quand je dis non, c’est non

-          Mais qu’est-ce que tu veux ?

-              Je voudrais me sentir plus à l’aise

-          Je ne peux rien pour toi

-              Et bien on n’a plus rien à faire ensemble !

 "Si c'est pas oui, c'est non ! Respect du consentement."

M.

PORTRAIT DE FEMME 2

Marguerite. Femme de quatre-vingt-dix ans passés, de taille moyenne et menue. La première chose avec laquelle on rentre en contact avec elle, c’est son regard pétillant malgré les décennies et les épreuves de la vie. Ses yeux malicieux viennent vous sonder, de regard à regard, d’âme à âme. Et en écho à ses deux bigarreaux noisette : son rire qui éclaire son visage pourtant copieusement ridé, entouré de cheveux d’un joli blanc neige. Ses éclats de gorge se donnent régulièrement à entendre. Envie de la comparer à un oiseau, mais lequel ? Se fier aux impressions auditives, à cette banane communicative, à autre chose encore ? Impossible à dire. Croisement de la mésange fluette au chant ciselé et de la perruche, pour sa robe colorée ? Disons une version hybride. Son allure générale dégage d’ailleurs toute entière cette vivacité du corps et de l’esprit. Sa vivacité anime ses déplacements, ses gestes. Source généreuse et intarissable de vie, d’élan. Ne pas s’y tromper : aucune nervosité particulière, juste une magnifique expression du vivant à savourer dans cette frêle mamy.

Qui est Marguerite ? Une femme proche du crépuscule de sa vie. Une femme de condition modeste qui a vu son mari emporté dans l'ouragan d’une maladie fulgurante, alors qu’elle était âgée de trente sept ans et mère de quatre enfants (le plus jeune n’avait que quatre ans au décès du père). Une femme qui a donc dû assumer sa vie et ses enfants, retaper l’édifice familial lourdement ébranlé. Avec son certificat d’étude, elle a œuvré avec opiniâtreté afin d’acquérir les compétences et un poste d’enseignante dans un établissement privé. Avec sa propre mère venue à ses côtés dans le foyer pour la seconder et parer à tous les rôles. Détermination et solidité sans faille pour élever sa progéniture, assurer à chacun la force aimante, les accompagner au fil de leur propre chemin.

« Ça vous forge un caractère, ce genre d’expérience de vie ». Un destin singulier, avec des ressources propres. Pas lieu de comparer à telle ou telle autre française, ou femme d’un autre continent. Marguerite a endossé son destin. Oui, née de sexe féminin il y a quatre-vingt-dix ans. Alors son sexe mais aussi les aléas de la vie l’ont modelée progressivement. Côté vie de femme, stoppée à trente sept ans. Marguerite ne s’est jamais aventurée à des faiblesses de cœur ou de corps. Elle a assumé son rôle maternel sans autre état d’âme. Alors d’où lui vient cette jovialité communicative ? Une nature positive et battante. Ses quelques distractions, hors du soin maternel, se logeaient dans la lecture. Ou aussi, à l’occasion de quelques jours de congés annuels sans les enfants (alors en colonie de vacances), avec sa pote d’aventure Simone, également institutrice, au volant de sa fringante 2 CV. On imagine assez notre duo version revisitée des congés de 1936 sur les routes ensoleillées de France pour savourer des bouffées de distraction et bon temps vaillamment décrochées.

Et notre intrépide, à un âge plus qu’avancé (à plus de quatre-vingt ans, c’est certain) a pu être un peu réprimandée par ses enfants (qui cachaient aussi sourdement une fierté intérieure) quand elle a raconté avoir retrouvé des manifestants, place Bellecour à Lyon, sur des sujets sociétaux où elle se sentait concernée.

Je terminerai ce portrait par sa phrase fétiche ô combien partagée et qui me semble presque la résumer : « La beauté sauvera le monde ».

                                       N.

PORTRAIT DE FEMME 3

Josette a 70 ans. Elle a les cheveux courts, les lèvres charnues, les yeux rieurs, un sourire franc. Elle est relativement grande, se tient droite, poitrine redressée. Non, elle n’est pas droite comme un piquet mais droite confortable. Large de bassin, bien en chair. Je l’ai vu dernièrement porter une robe qui me faisait penser à un boubou. Cela lui allait bien. C’est une sorte de Mama africaine à la peau blanche. Quand elle était plus jeune, elle portait parfois de grosses boucles d’oreilles et de larges colliers fantaisistes. Elle me donne l’impression qu’elle a surmonté les problèmes avec vaillance et assurance. Je ne l’ai jamais vu évoquer de doutes et quand j’étais gamine, je la voyais parfois avoir cet  air sévère, sourcils froncés au détour d’une conversation. Cela la rendait impressionnante. Elle avait ses idées bien en place.

J’ai su lors d’une discussion avec elle récemment qu’elle avait hérité de sa mère le droit de dire non sans que cela ne soit discuté par son mari. En effet quand elle était petite, sa mère avait décidé de ne plus avoir d’enfants après en avoir eu deux et elle avait aussi dit à son mari qu’elle ne voulait plus travailler comme ils le faisaient à la ferme ce qui avait changé le destin de leur famille. A l’époque dans les campagnes, cela est remarquable ; cela m’a éclairé sur le sentiment de force qu’elle dégage et qu’elle a toujours dégagé.

S.

PORTRAIT DE FEMME 4

Élise. 

Quel joli nom, Élise. 

Loin de son pays natal, elle était la pour écouter et accompagner. 

Assise, calme, posée. On la regardait, elle parlait, on l'écoutait. 

Regard parfois lointain, qui pouvait sembler revenir de loin. 

Visage pâle et lisse. Couleur de sable des plages blanches, recouvertes de coquillages échoués, inlassable passage des vagues ambrées. 

Habituée depuis son enfance à aider, consoler et protéger, elle s'était enfin constituée une carapace de femme adulte. 

Adulte ? 

Elle était devenue une femme après avoir été un enfant triste. 

Une femme pouvant paraître forte, avec de la répartie, parfois effrayant soit disant la gente masculine en affirmant son identité qu'elle avait mis des années à dévoiler. 

Femme indépendante, libre de choisir, libre de dire oui et non, libre de dire et de se taire, libre de rire et de pleurer, libre de danser et de ne pas bouger. 

Souvent elle pensait à ces femmes, qui avant elle l'avaient précédées. Marchait-elle dans leurs ombres disparues ? A côté de leurs pas ? 

Toutes étaient présentes en elle. Et comme chacune, elle portait en elle le désir de vivre. 

L. 

PORTRAIT DE FEMME 5